La laïcité : qu'est-ce que c'est ?
Je reprends ici un article que j'ai écrit pour le blog de l'association ARDAH. Je te présente les grandes lignes de ce qu'est la laïcité.
11/5/20243 min read
On en parle beaucoup, dans les médias, sur les réseaux sociaux, autour d’un verre, au détour d’une rue en voyant une femme voilée… On brandit ce mot “laïcité” à tort et à travers au point qu’on ne sait même plus ce que ça signifie réellement.
La laïcité, ce n’est pas interdire les religions.
La laïcité, ce n’est pas cacher sa religion.
La laïcité, ce n’est pas dire : “la France est laïque, arrête de porter ton voile”.
Récemment, j’ai vu quelqu’un partager sur un réseau social que “la France était un pays laïque, que les femmes étaient libres et n’avaient pas à porter le voile”. Alors, oui… mais si on reprend ce qu’est être laïque, les femmes sont aussi libres de pratiquer le culte qu’elles souhaitent et par conséquent de porter le voile. Vivre en France, c’est jouir de nombreuses libertés, dont celle-ci.
La laïcité fait partie des quatre principes de notre pays : la France est indivisible, laïque, sociale et démocratique (article 1er de la Constitution de 1958).
À cela, on ajoute les valeurs républicaines qui sont la liberté, l’égalité, la fraternité. J’en viens donc à souligner que la laïcité est un principe politico-juridique au service des valeurs républicaines.
C’est-à-dire que la laïcité est appliquée dans la politique par la séparation de l’Église et de l’État (loi de 1905) et au niveau juridique : on ne peut être jugé en fonction de ses croyances et on n’applique pas un texte religieux pour rendre justice.
La laïcité vient aussi renforcer la liberté (liberté de culte, liberté de pensée, liberté d’exprimer sa religion, etc).
D’ailleurs, la loi de 1905 concernant la séparation de l’Église et de l’État vise bien à séparer l’État français de la religion. Ceci est un processus de laïcisation qui a pour but de rendre laïque les institutions. De ce fait, la neutralité de l’État et de ses institutions va entrer en vigueur dès 1905*. Cependant, la laïcité ne signifie pas “neutralité” dans la vie quotidienne.
La laïcité repose sur 3 piliers :
la neutralité de l'État et du service public,
la liberté de conscience
la non-discrimination (autrement dit, l’égalité entre tous les citoyens)
La laïcité est souvent utilisée comme un outil antireligieux, antimusulman notamment.
Dans les discours, on entend aussi qu’en vertu de la laïcité, la religion relève uniquement du cadre privé. Or, ceci est un contresens à ce qu’est la laïcité.
Comme dit précédemment, elle garantit la liberté d’exprimer sa religion en public et la liberté d’exprimer sa religion en public est garantie par la République française : “La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes” (article 1 de la loi de 1905). En effet, la neutralité ne s’applique qu’aux agents publics représentant l’État laïque. Les citoyens n’ont aucune obligation de neutralité.
Je rajouterais aussi la date de 1946. Cette date marque une nouvelle étape dans notre histoire laïque. Bien que la laïcité ait été marquée par le processus de laïcisation avec la loi de 1905, ce n’est qu’en 1946 que la laïcité est introduite dans la Constitution.
En effet, le régime de Vichy appliquait des lois antisémites et au lendemain de la guerre, on souhaite éviter que de telles lois soient mises en vigueur. On refuse que des ethnies religieuses soient ciblées par des lois et des discriminations. Le principe de laïcité dans la Constitution officialise alors la France comme État laïque.
Il est donc dangereux d’utiliser la laïcité comme outil antireligieux, c’est totalement contraire au principe de laïcité.
La laïcité protège les athées comme les croyants.
La laïcité protège les libertés individuelles.
Choisir sa religion fait partie des libertés dites fondamentales défendues par notre pays.
*à quelques exceptions près comme en Alsace-Moselle mais ceci n’est pas l’objet de cet article.
Edwige Lesvenan
Certified French Teacher
Formée aux Valeurs de la République et à la laïcité
Head of French department at ARDAH
Habilitée pour l'épreuve orale du TCF
SIRET : 839 436 961 00016