La fraternité

« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir envers les autres dans un esprit de fraternité. » (Art. 1)

C’est quoi la fraternité ?

Pour commencer, le mot “fraternité” est originaire du latin “frater” (qui signifie “frère”, pour être plus précise : “fraternitatem, fraternus” en latin). Le nom “fraternité” et l’adjectif “fraternel” signifient le lien de parenté entre frères.

De manière générale, la fraternité est une valeur morale, elle a longtemps été réduite à cette idée contrairement à la liberté ou à l’égalité qui ont été considérées comme des principes et des droits.

La fraternité se base sur le vivre ensemble des citoyens français. L’idée de fraternité est liée à la solidarité entre les citoyens. Dans ce sens, “la France condamne les discriminations fondées sur un motif prévu par la loi et qui entraînent une différence de traitement. Exprimer des opinions racistes à travers des propos ou des actes est répréhensible” (livret du Citoyen, 2022).

La fraternité permet de créer des liens entre les personnes. Par exemple, suite aux attentats de janvier 2015, de grandes manifestations contre le terrorisme ont été organisées afin que les citoyens puissent montrer leur soutien aux victimes et aussi leur refus d’accepter le terrorisme. Ces manifestations mettaient en valeur la fraternité : l’idée qu’ensemble, on est plus forts.

Dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme, la fraternité correspond à un état d’esprit essentiel au sein de la société. Les droits affirmés sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.

D’ailleurs, il est intéressant de noter que les origines de la fraternité sont bibliques. Les mots “frère” et “soeur” sont très souvent utilisés dans le christianisme. C’est notamment cette connotation religieuse qui va causer quelques débats : certains vont donc préférer parler de “solidarité” plutôt que de “fraternité”.

La fraternité en quelques dates

Absente de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, elle apparaît pour la première fois dans la Constitution de 1848, puis dans les Constitutions de 1946 et 1958.

La Constitution de 1848 va lui donner une visibilité dans son préambule : “Elle (la République Française) a pour principe la Liberté, l'Égalité et la Fraternité. Elle a pour base la Famille, le Travail, la Propriété, l'Ordre public.”

En 1940 pendant la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), la devise de la République “Liberté-Égalité-Fraternité” est abandonnée et le gouvernement de Vichy la remplace par « Travail, Famille, Patrie ». La devise républicaine continuera d’être utilisée dans la résistance et par le Général De Gaulle comme dans son discours du 15 novembre 1941 :

« Nous disons Liberté-Égalité-Fraternité parce que notre volonté est de demeurer fidèles aux principes démocratiques (…) qui sont l'enjeu de cette guerre pour la vie et la mort. »

Suite à la guerre, la Constitution de 1946 sous la Quatrième République et celle de 1958 qui marque la Cinquième République vont continuer à utiliser le terme de fraternité. On va considérer que le triptyque liberté-égalité-fraternité ne pourra pas être divisé et que ces trois termes seront ensemble.

Dans la Constitution de 1946, on retrouve dans le préambule : “La Nation proclame la solidarité et l'égalité de tous les Français”.

Et les premiers articles dans lesquels figurent les symboles de la République :

“Article 1. - La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.

Article 2. - L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge à trois bandes verticales d'égales dimensions.

L'hymne national est la Marseillaise.

La devise de la République est : « Liberté, Egalité, Fraternité. »

Son principe est : gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple.

Article 3. - La souveraineté nationale appartient au peuple français.”

Ces articles seront repris dans la Constitution de 1958 qui marquera le début de la Сinquième République.

La fraternité dans la vie quotidienne

Le système de sécurité sociale fondé en 1945 est l’exemple le plus important de cette fraternité. Il est financé par les cotisations sociales des employeurs, salariés et non-salariés, ainsi que les impôts.
Dans la même idée que la sécurité sociale, on retrouve les allocations familiales qui respectent ce principe de solidarité.

Entre liberté et fraternité, la tolérance et le respect de l’autre font partie des valeurs prônées par la République française.

Comme dit précédemment, la connotation religieuse a poussé certaines personnes à parler de solidarité plutôt que de fraternité. La fraternité c’est donc aussi la solidarité, on aide les autres. On aide nos proches mais aussi des inconnus.
Cela s’applique par exemple avec la loi sur le devoir de secours. C’est une obligation légale et morale qui impose à tous les citoyens de porter assistance, d’aider, une personne en danger. En parallèle, la loi sur la non-assistance à personne en danger punit toute personne qui n’a volontairement pas aidé quelqu'un en danger.

Un principe pas si évident à imposer

Le principe de fraternité ne s’est donc pas imposé de suite, que ce soit au niveau linguistique (avec la notion de solidarité VS fraternité) ou au niveau constitutionnel. En effet, ce qui était un état d’esprit, une valeur morale, est devenu un principe officiellement consacré par le Conseil constitutionnel en 2018 dans un but de régulation de l’immigration.

La fraternité fait partie de l'identité républicaine française bien qu’elle ait été discutée, elle est à présent incontestable.

Au-delà de la Constitution et des lois, la fraternité est une valeur morale. La République française, en l’indiquant dans sa devise, rappelle que cette valeur doit être incarnée par tous les citoyens français.